Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/69/39/46/19070354.jpg

Image extraite de la très belle adaptation cinématographique du roman "Je l'aimais"

 

Chère Anna,

Par le même heureux hasard qui m’avait fait découvrir le premier tome des Chroniques de San Francisco dans les rayons aseptisés de la Fnac, je suis tombée, il y a des années, sur votre recueil de nouvelles. Ce jour-là, je pensais trouver un livre comme un autre. De ceux qu’on oublie vite. J’avais lu dans Cosmo le témoignage d’une fille qui expliquait l’avoir lu et relu. Mais je m’étais dit « oui enfin bon » et j’avais tourné la page pour lire les critiques ciné.

Quand je me suis assise sur le parquet froid, votre livre à la main, j’ai tout de suite compris. J’ai eu l’impression de toucher du doigt ce qui m’enchantait déjà à l’époque : la délicatesse de vos tournures, la grâce de vos personnages, le hasard qui, là où on ne l’attend pas, vous joue un joli tour ou le malheur, qui, là où on le redoute, vous coince dans le labyrinthe de la mélancolie. Entres vos pages, j’ai lu l’enchanté du quotidien et les nuances du sentiment, qu’il soit proche de l’amitié, de la contrariété ou du regret. Et puis, en refermant le petit livre, je me suis dit que moi aussi, un jour, j’écrirais de belles choses.

Les années ont passé. Et au milieu du vacarme new-yorkais, une amie m’a tendu votre roman Je l’aimais. Elle m’a dit que c’était une jolie histoire. Elle était sûre que je l’adorerais. J’ai reconnu votre nom sur la couverture et je l’ai remerciée. J’étais heureuse de vous retrouver. Dans la petite chambre que j’habitais, j’ai redécouvert la poésie de vos mots et j’ai été bouleversée. J’ai adoré l’idée que Chloé écoute l’histoire de Pierre, son beau-père, alors qu’elle n’aurait accepté de l’entendre de personne d’autre. J’ai adoré l’idée que cette histoire, pourtant si douloureuse, l’ait aidée à accepter le départ de son mari. J’ai adoré la vie normale, en reflet derrière cette douleur d’abandon, rappelée par touches au cours du roman, par la présence des deux filles de Chloé qui jouent, regardent la télé et parlent d’école.

Quelques temps plus tard, j’étais rentrée à Paris, et comme tout le monde au printemps 2004, j’ai dévoré Ensemble, c’est tout. . La couverture colorée se baladait de mains en mains. J’avais grandi. Je m’étais mise à écrire moi aussi.

Après, l’année où j’étais en stage près de la place de l’Opéra, vous avez publié La consolante, que j’ai acheté au Salon du Livre alors que les queues pour se faire dédicacer votre roman étaient infinies. Vos mots avaient touché la France. On faisait de vos livres des films. Plus ou moins réussis.

Ensuite, vous avez republié L’échappée belle. On s’est mal coordonné dans la famille et on en a acheté plusieurs exemplaires. J’écrivais encore. Et souvent, je rouvrais vos romans pour relire les passages qui avaient marqué mes pensées, les passages où en lisant je m’étais dit: voilà pourquoi j’écris. J’écris parce que je veux moi aussi raconter le monde qui m’entoure dans le détail de ses hasards, je veux dire les histoires des personnages qui viennent me rendre visite quand je rêvasse dans le métro, je veux dire leurs peines, leurs joies, leurs coups durs et leur volonté, malgré tout, de trouver l’apaisement. Je veux donner vie avec mes mots, je veux faire scintiller les yeux des gens qui me liront, je veux qu’un jour, quelqu’un s’approche de moi et me dise « vous m’avez touché. ». Rien qu’une fois.

J’étais adulte et vous lire m’avait un peu aidé à grandir.

Tag(s) : #Entre les pages
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :