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Les imperfectionnistes de Tom Rachman est un roman-puzzle aux pièces un peu de travers. Dans la salle de rédaction d’un quotidien international basé à Rome, on voit circuler des personnages bancals qui retracent, derrière leurs histoires, l’évolution récente de la presse traditionnelle - l’état de grâce suivi de l’effondrement lent et certain.

Les chapitres ont des titres d’articles, qui indexent, les unes après les autres, les aventures de ces personnages profondément imparfaits. Qu’ils pèchent par prétention, naïveté, paranoïa ou excès, peu importe. Le regard de l’auteur parvient à nous donner envie de les aimer inconditionnellement. Dans leur imperfection.

Tom Rachman dessine cet espace où on rapporte l’actualité au travers de personnalités un peu tordues, encombrées de leur égo parfois, enfermées dans leur psychose, dans leur drame ou dans leur faiblesse. De la responsable des ressources humaines au journaliste à l’essai en passant par la rédactrice en chef caractérielle et par le journaliste dont l’ambition se révèle au lendemain d’un drame personnel, Tom Rachman nous tend un album sans concession, aux clichés un peu abîmés mais toujours très délicats de la vie de ce quotidien.

Dans ce monde-là, les gens ne sont pas toujours à la hauteur et ça se sait. A la chasse au scoop ou nouvellement licencié, on se fait avoir et on se blesse. Si on se relève parfois, c’est pour affronter des lendemains où l’actualité sera mieux rapportée ailleurs, que dans cette antique publication qui refuse toute présence Internet. A l’heure où France 24 mise sur ses observateurs et diffuse l’info en temps réel grâce à ces passants/journalistes qui sont au bon endroit au bon moment, le journal de Tom Rachman, lui, se noie. Et quand ils disent s’être retrouvés à Rome par hasard, ils mentent sciemment. Ils ont tous leurs raisons d'avoir rejoint ce journal obsolète, dans ce pays qui n’est pas le leur.

Si les fins de chapitres semblent tomber comme des verdicts, nets et sans appel, ce n’est que pour mieux vous souffler, quand vous y repenserez, leur ambivalence. On tourne les pages en s’amusant des travers loufoques de ces personnages marqués par le temps, les ratages, le fatalisme de maladies qui semblent se transmettre génétiquement ou pas et les drames infligés par la vie et dont on ne se remet jamais vraiment.

Au final, le voyage aura été aussi morcelé que gracieux et poétique. Il aura été profondément humain.

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Tag(s) : #Entre les pages
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